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SCÈNE VIII.
de l’univers, ajoutant en outre — qu’il m’épouserait ou mourrait mon amant.
LA PRINCESSE.

— Que Dieu te donne la joie en t’unissant à lui ! Le noble prince — fera certes honneur à sa parole.

LE ROI.

— Que voulez-vous dire, madame ? Sur ma vie, sur ma foi, — je n’ai jamais adressé à cette dame pareil serment.

ROSALINE.

— Par le ciel, vous l’avez fait ; et comme gage, — vous m’avez donné ce bijou : mais reprenez-le, sire.

LE ROI.

— C’est à la princesse que je l’ai donné avec ma foi. — Je l’ai reconnue à ce joyau qu’elle avait à sa manche.

LA PRINCESSE.

— Pardon, sire, c’était Rosaline qui le portait ; quant à moi, c’est le seigneur Biron, et je lui en rends grâces, qui est mon bien-aimé.

À Biron.

— Eh bien, voulez-vous m’avoir ou ravoir votre perle ?

BIRON,.

— Ni l’un ni l’autre : je ne prétends ni à vous ni à elle… — Oui, je vois le tour. On a cabalé, — sachant d’avance notre divertissement, — pour l’écraser comme une farce de Noël. — Quelque conteur patelin, quelque misérable hâbleur, — quelque mâcheur de nouvelles, quelque chevalier de l’assiette, quelque faquin — qui se vieillit à force de sourire, et qui a le secret — de faire rire madame, quand elle y est disposée, — avait dit d’avance notre projet. La chose une fois découverte, — ces dames ont échangé leurs présents ; et nous, — éconduits par ces simulacres, nous n’avons courtisé chacun que le simulacre de notre préférée. — Ainsi, surcroît d’horreur