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NOTES.

FERANDO.

— Vingt bonjours à mon aimable Cateau !

CATHERINE.

— Vous plaisantez, j’en suis sûre. Est-elle à vous déjà ?

FERANDO.

— Je te dis, Cateau, que je sais que tu m’aimes bien.

CATHERINE.

— Au diable ! qui vous a dit cela ?

FERANDO.

— Mon inspiration me dit, suave Cateau, que je suis l’homme — qui doit emménager, mettre au lit et épouser la bonne Cateau.

CATHERINE.

— A-t-on jamais vu un âne aussi grossier que ça !

FERANDO, s’approchant d’elle.

— Quoi ! après une si longue attente, n’avoir pas obtenu un baiser !

CATHERINE.

— À bas les mains, vous dis-je ! et décampez d’ici, — ou je vais vous appliquer mes dix commandements sur la figure.

FERANDO.

— Fais-le, je t’en prie, Cateau. Ils disent que tu es sauvage, — je ne t’en aime que mieux et c’est ainsi que je te veux.

CATHERINE.

— Lâchez-moi la main, de crainte qu’elle n’atteigne votre oreille.

FERANDO.

— Non, Cateau, cette main est à moi, et je suis ton amoureux !

CATHERINE.

— Oh ! non, monsieur ! La bécasse pèche trop par la queue.

FERANDO.

— À défaut de queue, son bec lui servira.

Rentre Alfonso.
ALFONSO.

— Eh bien, Ferando, que dit ma fille ?

FERANDO.

— Elle consent, monsieur, et m’aime comme sa vie.

CATHERINE.

— Pour avoir votre peau, soit ! mais pas pour être votre femme.

ALFONSO.

— Approche, Cateau, que je donne ta main à celui que j’ai choisi pour ton fiancé. — Dès demain tu l’épouseras.

CATHERINE.

— Comment, mon père ! qu’entendez-vous donc faire de moi, — pour me donner ainsi à cet écervelé — qui dans une boutade ne se fera pas scrupule de m’égorger ?…

Se mettant à l’écart.

— Pourtant je veux bien consentir à l’épouser, — car voilà trop longtemps,