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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
vous prie. Bien que la nature de notre antagonisme n’ait pas jusqu’ici admis de pourparler, je crois, après réflexion, devoir vous dire que, si nous voulons de nouveau avoir accès auprès de notre belle maîtresse et prétendre, heureux rivaux, à l’amour de Bianca, il est une chose que nous sommes spécialement intéressés à tenter et à effectuer.
GREMIO.

Quelle est-elle, je vous prie ?

HORTENSIO.

Eh bien, procurer un mari à sa sœur !

GREMIO.

Un mari ! non, un diable !

HORTENSIO.

Je dis un mari.

GREMIO.

Je dis un diable. Croyez-vous, Hortensio, quelque riche que soit son père, qu’il y ait un homme assez fou pour épouser l’enfer ?

HORTENSIO.

Bah ! Gremio, bien qu’il soit au-dessus de votre patience et de la mienne de supporter ses criardes sorties, croyez, mon cher, qu’il y a de bons garçons dans le monde (il ne s’agit que de mettre la main dessus) qui la prendraient avec tous ses défauts et beaucoup d’argent.

GREMIO.

Je n’en sais rien ; mais, pour ma part, j’aimerais mieux prendre la dot sans la fille, à la condition d’être fouetté chaque matin sur la place du marché.

HORTENSIO.

Effectivement, comme vous dites, il y a peu à choisir entre des pommes pourries. Mais, venez. Puisque cet obstacle légal nous rend amis, maintenons cette amitié.