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SCÈNE I.
remarqué qu’il s’occupe — de lui obtenir des maîtres habiles pour l’instruire ?
TRANIO.

— Oui, pardieu, monsieur ; et maintenant le plan est trouvé.

LUCENTIO.

— Je le tiens, Tranio.

TRANIO.

— Maître, je jurerais que nos deux idées s’accordent et se confondent en une.

LUCENTIO.

— Dis-moi d’abord la tienne.

TRANIO.

— Vous serez le professeur, — et vous vous chargerez d’instruire la jeune fille : — voilà votre projet.

LUCENTIO.

— Oui, mais est-il exécutable ?

TRANIO.

— Il est impossible : car qui remplira ici votre place ? — Qui sera dans Padoue le fils de Vincentio, — occupé à tenir maison, à suivre les cours, à recevoir ses parents, — à visiter et à fêter ses compatriotes ?

LUCENTIO.

— Baste ! rassure-toi : le plan est tout fait. — Nous n’avons encore été vus dans aucune maison ; — et nul ne peut distinguer par nos visages — le valet du maître. Voici donc ce qu’il faut faire : — c’est toi, Tranio, qui seras le maître à ma place ; tu auras une maison, un train et des gens, comme j’en aurais moi-même. — Moi, je serai quelque autre ; je serai un Florentin, — un Napolitain ou quelque pauvre jeune homme de Pise. — L’idée est éclose ; à l’œuvre donc ! Tranio, — déshabille-toi sur-le-champ ; prends mon chapeau et mon manteau de couleur ; — dès que Biondello arrivera, il sera à tes