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SCÈNE IV.

par la floraison des semailles à la récolte, — la matrice féconde de la donzelle — atteste un plein labourage et une parfaite culture…

isabelle.

— Quelque fille grosse de lui ?… Ma cousine Juliette ?

lucio.

Est-ce qu’elle est votre cousine ?

isabelle.

— Adoptive : vous savez ! les écolières se donnent des noms de fantaisie, — enfantillages d’une affection sérieuse !

lucio.

Eh bien ! c’est elle-même.

isabelle.

Oh ! qu’il l’épouse !

lucio.

Voilà la question. — Le duc est parti d’ici d’une manière très-étrange ; — il avait tenu plusieurs gentilshommes, et moi entre autres, — dans l’attente et dans l’espérance d’un emploi : mais nous apprenons, — par ceux qui connaissent les plus secrets ressorts de l’État, — que ses insinuations étaient à une distance infinie — de ses intentions véritables. À sa place, — dans le plein exercice de son autorité, — gouverne le seigneur Angelo, un homme dont le sang — n’est que de la neige fondue, qui ne sent jamais — le voluptueux stimulant et l’impulsion des sens, — mais qui amortit et émousse son instinct naturel, — au profit de son âme, par l’étude et par le jeûne. — C’est lui qui, pour effrayer les mœurs et la liberté, — habituées, depuis longtemps, à s’ébattre près de la hideuse loi — comme des souris près d’un lion, a ramassé l’édit — dont la teneur accablante condamne votre frère — à perdre la vie. Il fait arrêter Claudio en conséquence, — et lui applique le statut dans toute sa rigueur, — pour faire de lui un exemple. Tout espoir est perdu, — à moins que