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SCÈNE V.

lucio.

— Je prends congé de vous.

isabelle.

Cher monsieur, adieu.

Ils sortent.

SCÈNE V.
[Une salle d’assises.]
Entrent Angelo et Escalus, puis un juge assesseur, le prévôt, des officiers de justice et des gens de service. Angelo et Escalus causent entre eux.
angelo.

Ne faisons pas de la loi un épouvantail — qui, dressé pour faire peur aux oiseaux de proie, — finit, gardant toujours la même forme, — par être leur perchoir, et non plus leur terreur.

escalus.

D’accord. Aiguisons — notre glaive, mais plutôt pour inciser légèrement, — que pour abattre et frapper à mort. Hélas ! ce gentilhomme, — que je voudrais sauver, avait un bien noble père. — J’en appelle même à Votre Excellence, — que je crois de la plus droite vertu : — si, dans l’effervescence de vos propres passions, — vous aviez trouvé l’heure d’accord avec le lieu, le lieu d’accord avec votre désir, — si l’énergique action de vos sens — avait pu aisément atteindre l’objet de vos pensées, — n’auriez-vous pas une fois dans votre vie — commis l’erreur même pour laquelle vous le censurez aujourd’hui — et attiré la loi sur votre tête ?

angelo.

— Autre chose est d’être tenté, Escalus, — autre chose de faillir. Je ne nie pas — que le jury qui prononce sur la vie d’un prisonnier — puisse, sur ses douze mem-