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SCÈNE VI.

Adieu.

Il va pour se retirer.
isabelle.

— Mon généreux seigneur, retournez-vous.

angelo.

— Je réfléchirai… Revenez demain.

isabelle.

— Écoutez comment je veux vous corrompre. Mon bon seigneur, retournez-vous.

angelo.

— Comment ! me corrompre ?

isabelle.

— Oui, en vous offrant des dons que vous partagerez avec le ciel.

lucio, à part.

— Ah ! vous gâtiez tout sans cela.

isabelle.

— En vous offrant, non de futiles sicles d’or monnayé, — non des pierres plus ou moins précieuses, — selon qu’un caprice les évalue, mais de vraies prières — qui monteront vers le ciel et y entreront — avant le soleil levant, des prières d’âmes immaculées, — des vierges vouées au jeûne dont la pensée ne s’attache — à rien de temporel.

angelo.

Bien, venez me voir — demain.

lucio, bas, à Isabelle.

Allons, c’est bien ; partons.

isabelle.

— Dieu protège Votre Honneur !

angelo, à part.

Ainsi soit-il ! car déjà — je suis sur cette voie de la tentation — que me barre la prière.