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MESURE POUR MESURE.

le messager, remettant un pli au prévôt.

Monseigneur vous envoie ces instructions, et en outre vous recommande par mon organe de ne vous en écarter sur aucun point, soit pour l’heure, soit pour l’objet, soit pour tout autre détail. Sur ce, bonjour ; car la matinée est proche, à ce que je présume.

le prévôt.

Je lui obéirai.

Sort le messager. Le prévôt parcourt du regard le papier qui lui a été remis.
le duc, à part.

C’est le pardon de Claudio, acheté par un crime — où est impliqué celui même qui pardonne : — le mal fait un rapide progrès — quand il s’appuie sur une haute autorité. — Quand le vice produit la démence, la clémence va — jusqu’à amnistier l’offenseur par sympathie pour la faute. — Eh bien, monsieur, quelles nouvelles ?

le prévôt, qui vient d’achever sa lecture.

Je vous l’avais bien dit. Le seigneur Angelo, craignant sans doute que je ne me relâche dans mon office, me stimule par cette injonction inusitée. J’en suis tout surpris, car c’est chose qui ne lui est jamais arrivée.

le duc.

Veuillez lire. J’écoute.

le prévôt, lisant.

« Quelque avis contraire que vous receviez, que Claudio soit exécuté à quatre heures, et Bernardin, dans l’après-midi. Pour ma plus grande satisfaction, que la tête de Claudio me soit envoyée à cinq heures ! Que ces ordres soient dûment exécutés ; leur accomplissement, songez-y, importe plus que je ne dois le dire encore. N’allez pas faillir à votre mandat : vous en répondriez sur votre tête. »

Que dites-vous de ceci, monsieur ?

le duc.

Qu’est-ce que ce Bernardin qui doit être exécuté dans l’après-midi ?