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MESURE POUR MESURE.

un misérable ni pour un mondain intrigant, — comme le représente ce gentilhomme.

Il montre Lucio.

— C’est un homme, je le garantis, qui n’a jamais — diffamé Votre Grâce, comme l’affirme celui-ci.

lucio.

— Il l’a fait, monseigneur, et bien outrageusement, croyez-le.

frère pierre.

— Soit ! un jour peut-être il pourra se justifier lui-même ; — mais pour le moment, monseigneur, il est malade — d’une étrange fièvre. C’est lui qui, — ayant su qu’une plainte devait être — portée contre le seigneur Angelo, m’a requis de venir ici — pour faire en son nom la déclaration de ce qu’il sait — être vrai ou faux, déclaration qu’il s’engage — à appuyer de toutes les preuves sous la foi du serment, — dès qu’il sera mis en demeure. Et d’abord, — pour justifier ce digne seigneur, — si publiquement et si personnellement accusé, vous allez entendre le démenti direct qui va confondre cette femme — de son propre aveu.

le duc.

Bon frère, nous écoutons.

Des gardes emmènent Isabelle, et Marianne, voilée, s’avance.

— Est-ce que tout cela ne vous fait pas sourire, seigneur Angelo ? — Ô ciel ! l’outrecuidance de ces misérables insensés ! — Qu’on nous donne des siéges !… Venez, cousin Angelo ; — en ceci je veux être partial : soyez juge — dans votre propre cause…

Montrant Marianne au moine.

Est-ce là le témoin, frère ? — Que d’abord elle montre son visage, et ensuite qu’elle parle.

marianne.

— Pardon, monseigneur, je ne veux pas montrer mon visage, — que mon mari ne me le commande.