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SCÈNE XVII.

le duc.

Assez, drôle !

lucio.

Suffit, monseigneur.

angelo.

— Monseigneur, je dois l’avouer, je connais cette femme ; — il y a cinq ans, il fut question d’un mariage — entre moi et elle. La chose fut rompue, — en partie, parce que la dot — se trouva au-dessous de nos conventions, mais principalement — parce que sa réputation était entachée — de légèreté. Depuis cette époque, depuis cinq ans, — je ne lui ai jamais parlé, je ne l’ai jamais vue, je n’ai jamais entendu parler d’elle, — j’en jure sur ma foi, sur mon honneur.

marianne, se jetant aux genoux du duc.

Noble prince, — comme il est vrai que la lumière vient du ciel et la parole du souffle, — que la raison est dans la vérité et la vérité dans la vertu, — je suis fiancée à cet homme aussi étroitement — que peuvent engager des paroles sacrées. Oui, mon bon seigneur, — pas plus tard que la nuit de mardi dernier, dans le pavillon de son jardin, — il m’a connue comme sa femme. Si je dis vrai, — que je me relève saine et sauve ! — Sinon, que je sois pour toujours fixée ici, — statue de marbre !

Elle se relève.
angelo.

Je n’ai fait que sourire jusqu’ici. — Maintenant, mon bon seigneur, accordez-moi les pleins pouvoirs de la justice. — Ma patience est mise à bout ici : je vois — que ces pauvres insensées ne sont — que les instruments de quelque personnage plus puissant — qui les pousse. Autorisez-moi, monseigneur, — à éclaircir cette intrigue.

le duc.

Oui, de tout mon cœur, — et punissez-les dans toute la rigueur de votre bon plaisir. — Moine stupide ! femme per-