province. Mes affaires en cet État — m’ont mis à même de vivre à Vienne en observateur ; j’y ai vu la corruption fermenter et bouillonner — jusqu’à déborder la cuve ; des lois pour toutes les fautes, — mais les fautes si bien tolérées que les plus sévères statuts — y sont comme les prohibitions dans une échoppe de barbier, — un objet de moqueuse remarque (12).
— Calomnier l’État ! qu’on le mène en prison.
— Qu’avez-vous à déposer contre lui, signor Lucio ? — Est-ce là l’homme dont vous nous avez parlé ?
C’est lui, monseigneur. Venez ici, bonhomme à caboche chauve. Me remettez-vous ?
Monsieur, je vous reconnais au son de votre voix. Je vous ai rencontré à la prison, pendant l’absence du duc.
Ah ! vraiment ? Et vous rappelez-vous ce que vous avez dit du duc ?
Très-nettement, monsieur.
Vraiment, monsieur ? Et le duc est-il en effet un paillard, un fou et un couard, comme vous le prétendiez alors ?
Il faut, monsieur, que vous changiez de personnage avec moi, avant de mettre ce propos sur mon compte ; c’est vous-même qui avez dit cela de lui ; et bien pis, bien pis.
Ô damnable drôle ! Est-ce que je ne t’ai pas tiré par le nez pour ces propos-là ?
Je proteste que j’aime le duc comme moi-même.