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SCÈNE I.

le peintre.

— Une peinture que je supplie — Votre Seigneurie d’accepter.

timon.

La peinture est la bienvenue. — Le portrait, c’est presque l’homme réel ; car depuis que l’infamie trafique de la nature de l’homme, — l’homme est tout extérieur. Ces figures tracées au pinceau sont — effectivement ce qu’elles représentent. J’aime votre œuvre — et vous reconnaîtrez que je l’aime : attendez ici — que je vous donne de mes nouvelles.

le peintre.

Les dieux vous préservent !

timon.

— Salut, messieurs ! donnez-moi votre main. — Nous dînerons ensemble, il le faut.

Au joaillier.

Monsieur, votre bijou — a été accablé par les appréciateurs.

le joaillier.

Quoi, monseigneur ? aurait-il été déprécié ?

timon.

— Il a été écrasé d’éloges. — Si je le payais au prix que fixe l’enthousiasme, — je me ruinerais entièrement.

le joaillier.

Monseigneur, il n’est estimé — que selon sa valeur commerciale. Mais vous savez bien — que des objets de même prix, en changeant de possesseurs, — changent de valeur. Croyez-le bien, cher seigneur, — vous rehaussez le bijou que vous portez.

timon.

La bonne plaisanterie !

le marchand.

— Non, monseigneur ; il exprime le sentiment général — en disant ce que tous disent.