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SCÈNE I.

apemantus.

Tu n’en es que plus réprouvé de la manquer toujours.

deuxième seigneur.

Tu vas au banquet du seigneur Timon ?

apemantus.

Oui, pour voir la viande remplir des coquins et le vin échauffer des sots.

deuxième seigneur.

Salut ! salut !

apemantus.

Tu es un sot de m’envoyer deux saluts.

deuxième seigneur.

Pourquoi, Apemantus ?

apemantus.

Tu aurais du en garder un pour toi-même, car tu n’en obtiendras pas un seul de moi.

premier seigneur.

Va te faire pendre.

apemantus.

Non, je ne veux rien faire sur ton injonction : adresse tes requêtes à ton ami.

deuxième seigneur.

Va-t’en, chien incorrigible, ou je te chasse d’ici.

apemantus.

Je vais fuir, comme un chien, la ruade de l’âne.

Il sort.
premier seigneur.

— Il est l’ennemi de l’humanité… Eh bien, entrerons-nous — pour savourer les magnificences de Timon ? Il dépasse — en magnanimité la bienfaisance même.

deuxième seigneur.

— Il la répand à flots. Plutus, le dieu de l’or, — n’est que son intendant. Pas de service qu’il ne récompense — sept fois pour une. Pas de don qu’il reçoive — sans offrir en