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SCÈNE II.

comme ma nourriture. Rien d’étonnant à cela ; — les festins sont trop vains pour rendre grâces aux dieux.

GRACES DITES PAR APEMANTUS.

Dieux immortels, je n’implore pas la richesse ;
Je ne prie pour nul autre que pour moi.
Faites que je ne sois jamais assez fou
Pour me fier à un homme sur son serment ou sa signature,
À une courtisane, sur ses larmes,
À un chien qui semble endormi,
À un geôlier pour ma délivrance,
Ou à mes amis dans mon besoin.
Amen. Bon appétit.
La richesse est péché, et je mange des racines.

Il boit et mange.

Bonne chance à ton bon cœur, Apemantus !

timon.

Capitaine Alcibiade, votre cœur est sur le champ de bataille à présent.

alcibiade.

Mon cœur est toujours à votre service, monseigneur.

timon.

Vous aimeriez mieux être à un déjeuner d’ennemis qu’à un dîner d’amis.

alcibiade.

Quand ils sont tout saignants, monseigneur, il n’est pas de mets comparable à celui-là ; c’est un festin que je souhaiterais à mon meilleur ami.

apemantus.

Aussi voudrais-je que tous ces flatteurs fussent tes ennemis, afin que tu pusses les tuer et m’inviter au régal.

premier seigneur.

Si nous avions seulement ce bonheur, monseigneur, que vous voulussiez bien une fois éprouver nos cœurs et nous