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TIMON D'ATHÈNES.

moi-même envoyer demander assistance au seigneur Timon, ces messieurs en sont témoins ; mais maintenant, pour toutes les richesses d’Athènes, je ne voudrais pas l’avoir fait. Recommandez-moi généreusement à Sa Seigneurie : j’espère que Son Honneur n’interprétera pas à mal mon impuissance à l’obliger. Dites-lui de ma part que je considère comme une de mes plus grandes afflictions, vous entendez, de ne pouvoir satisfaire un si honorable gentilhomme. Mon bon Servilius, rendez-moi le service de lui répéter mes propres paroles.

servilius.

Oui, monsieur.

lucius.

— Je vous en saurai bon gré, Servilius.

Servilius sort.

— Vous disiez vrai. Timon croule effectivement. — Quand une fois on a été refusé, on ne va pas loin.

Lucius sort.
premier étranger.

— Observez-vous ceci, Hostillius ?

deuxième étranger.

— Oui, trop bien.

premier étranger.

Voilà bien — le cœur du monde : tous les flatteurs — sont justes de cet acabit. Appelez donc votre ami — celui qui mange au même plat que vous ! À ma connaissance, — Timon a été un père pour ce seigneur. — Il a de sa bourse maintenu le crédit, — soutenu le train de Lucius : les gages mêmes de ses gens — ont été payés des deniers de Timon. Lucius ne boit jamais — sans avoir sur ses lèvres l’argent de Timon. — Et pourtant (Oh ! que l’homme est monstrueux — quand il apparaît sous la forme de l’ingrat !) — il refuse un secours moins coûteux à sa bourse — qu’une aumône à la bourse d’un homme charitable.