Quel métier, drôle ? mauvais drôle, quel métier ?
Eh ! je vous en supplie, monsieur, ne vous mettez pas ainsi hors de vous. Au fait, si vous détraquez, je puis vous remettre en état.
Qu’entends-tu par là ? me remettre en état, insolent !
Eh mais, monsieur, vous ressemeler.
Tu es donc savetier ? L’es-tu ?
Ma foi, monsieur, c’est mon alène qui me fait vivre : je ne me mêle des affaires des gens, hommes ou femmes, que par l’alène. Je suis en effet, monsieur, chirurgien de vieilles chaussures ; quand elles sont en grand danger, je les recouvre. Les hommes les plus respectables qui aient jamais foulé cuir de vache ont fait leur chemin sur mon ouvrage.
— Mais pourquoi n’es-tu pas dans ton échoppe aujourd’hui ? — Pourquoi mènes-tu ces gens-là à travers les rues ?
Ma foi, monsieur, pour user leurs souliers et me procurer plus de travail. Mais, en vérité, monsieur, nous chômons aujourd’hui pour voir César et nous réjouir de son triomphe.
— Pourquoi vous réjouir ? Quelles conquêtes nous rapporte-t-il ? — Quels sont les tributaires qui le suivent à Rome — pour orner, captifs enchaînés, les roues de son chariot ? — Bûches que vous êtes ! têtes de pierre, pires que des êtres insensibles ! — Ô cœurs endurcis ! cruels fils de Rome, — est-ce que vous n’avez pas connu Pompée ? Bien