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SCÈNE IV.

cassius.

Puis-je vous dire un mot ?

Il cause à voix basse avec Brutus.
décius.

— C’est ici le levant. N’est-ce pas le jour qui apparaît ici ?

casca.

— Non.

cinna.

Oh ! pardon, monsieur, c’est lui ; et ces lignes grises — qui rayent les nuages là-haut, sont les messagères du jour.

casca.

— Vous allez confesser que vous vous trompez tous deux. — C’est ici, ici même où je pointe mon épée, que le soleil se lève : — il monte au loin dans le sud, — apportant avec lui la jeune saison de l’année. — Dans deux mois environ, c’est beaucoup plus haut dans le nord — qu’il présentera son premier feu ; et le haut orient — est ici, juste dans la direction du Capitole.

brutus.

— Donnez-moi tous la main, l’un après l’autre.

cassius.

— Et jurons d’accomplir notre résolution.

brutus.

— Non, pas de serment. Si la conscience humaine, — la souffrance de nos âmes, les abus du temps, — si ce sont là de faibles motifs, brisons vite, — et que chacun s’en retourne à son lit indolent ; — laissons la tyrannie s’avancer tête haute, — jusqu’à ce que toutes nos existences tombent à la loterie du destin. Mais si ces raisons, — comme j’en suis sûr, sont assez brûlantes — pour enflammer les couards et pour acérer de vaillance — l’énergie mollissante des femmes, alors, concitoyens, — qu’avons-nous besoin