Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
381
SCÈNE VIII.

césar.

Je dois te prévenir, Cimber. — Ces prosternements, ces basses salutations — peuvent échauffer le sang des hommes vulgaires, — et changer leurs décisions préconçues, leurs résolutions premières — en décrets d’enfants. Ne te leurre pas — de cette idée que César a dans les veines un sang rebelle, — qui puisse être altéré et mis en fusion — par ce qui dégèle les imbéciles, je veux dire par de douces paroles, — par de rampantes révérences, par de viles cajoleries d’épagneul. — Ton frère est banni par décret. — Si tu te confonds pour lui en génuflexions, en prières et en cajoleries, — je te repousse de mon chemin comme un chien. — Sache que César n’a jamais tort et que sans raison — il ne se laisse pas fléchir.

métellus.

N’y a-t-il pas une voix plus digne que la mienne — pour résonner plus doucement à l’oreille du grand César, — en faveur de mon frère banni ?

brutus, s’avançant.

Je baise ta main, mais sans flatterie, César, — en te demandant que Publius Cimber soit — immédiatement autorisé à revenir.

césar.

— Quoi, Brutus !

cassius, s’avançant.

Pardon, César ! César, pardon ! — Cassius tombe jusqu’à tes pieds — pour implorer la délivrance de Publius Cimber.

césar.

— Je pourrais être ému, si j’étais comme vous. — Si j’étais capable de prier pour émouvoir, je serais ému par des prières. — Mais je suis constant comme l’étoile polaire — qui pour la fixité et l’immobilité — n’a pas de pareille dans le firmament. — Les cieux sont enluminés d’innombrables