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SCÈNE XVII.

brutus.

— Et moi, je suis Brutus, Marcus Brutus, moi ! — Brutus, l’ami de ma patrie : reconnaissez-moi pour Brutus !

Il sort, chargeant l’ennemi. Caton est accablé par le nombre et tombe.
lucilius.

— Ô jeune et noble Caton, te voilà donc à bas ! — Ah ! tu meurs aussi vaillamment que Titinius, — et tu peux être honoré comme le fils de Caton !

premier soldat, à Lucilius.

— Rends-toi, ou tu meurs.

lucilius.

Je ne me rends que pour mourir.

Offrant de l’argent au soldat.

— Voici qui te décidera à me tuer sur-le-champ : — tue Brutus, et sois honoré par sa mort.

premier soldat.

— Ne le tuons pas… C’est un noble prisonnier !

deuxième soldat.

— Place, holà ! Dites à Antoine que Brutus est pris.

premier soldat.

— Je dirai la nouvelle… Voici le général qui vient.


Entre Antoine.
premier soldat.

— Brutus est pris, Brutus est pris, monseigneur !

antoine.

Où est-il ?

lucilius.

— En sûreté, Antoine ; Brutus est bien en sûreté. — J’ose assurer que nul ennemi — ne prendra vif le noble Brutus : — les dieux le préservent d’une si grande honte ! — Quelque part que vous le trouviez, soit vivant, soit mort, — vous le trouverez toujours Brutus, toujours lui-même.