Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
440
JULES CÉSAR.

volumnius.

— Ce n’est pas l’office d’un ami, monseigneur.

Alarme.
clitus.

— Fuyez, fuyez, monseigneur ; il n’y a plus à rester ici.

brutus.

— Adieu à vous ; et à vous ; et à vous, Volumnius. — Straton, tu es resté endormi tout ce temps ; — adieu à toi aussi, Straton… Compatriotes, — j’ai la joie au cœur en songeant que, dans toute ma vie, — je n’ai pas trouvé un homme qui ne me fût fidèle. — Je gagnerai à cette désastreuse journée plus de gloire — qu’Octave et Marc Antoine — n’en obtiendront par cet infâme triomphe. — Sur ce, adieu à tous ! car la bouche de Brutus — a presque achevé le récit de sa vie. — La nuit pèse sur mes yeux ; mes os veulent reposer, — n’ayant travaillé que pour atteindre cette heure-là.

Alarme.
cris, derrière le théâtre.

Fuyez, fuyez, fuyez !

Straton s’éveille et se relève.
clitus.

— Fuyez, monseigneur, fuyez.

brutus.

Pars ; je te suis.

Sortent Clitus, Dardanius et Volumnius.

— Straton, reste auprès de ton seigneur, je te prie ; — tu es un digne compagnon ; — un reflet d’honneur est sur ta vie : — tiens donc mon épée, et détourne la face, — tandis que je me jetterai dessus. Veux-tu, Straton ?

straton.

— Donnez-moi d’abord votre main. Adieu, monseigneur.

brutus.

— Adieu, bon Straton… César, sois tranquille maintenant ! — certes, je ne t’ai pas tué avec autant d’ardeur.

Straton tend l’épée, Brutus se jette sur la pointe et meurt.