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NOTES.
promos.

— Cassandre, renonce à des prières superflues. La loi l’a jugé, — la loi l’a trouvé coupable, la loi l’a condamné à mort.

cassandre.

On pourrait répliquer pourtant — que la loi autorise souvent un mal pour observer les formes régulières de la légalité, — que la loi punit de petites fautes des peines les plus grandes — pour tenir les hommes dans une crainte continuelle. — Mais les rois, ou ceux qui servent l’autorité royale, — peuvent, si réparation est faite, dominer de leur clémence la force de la loi. — Il n’a pas été commis ici de meurtre volontaire qui réclame du sang. — La faute d’Andrugio peut être réparée : le mariage effacera la tache.

promos.

— Belle dame, je vois la sollicitude naturelle que tu portes à Andrugio, — et, par égard pour toi et non pour ses mérites, je consens à cette faveur : — je lui accorde un sursis et j’examinerai l’affaire. — Demain vous aurez licence de plaider sa cause à nouveau… — Shériff, exécutez mes ordres, mais retenez Andrugio, — jusqu’à ce que vous sachiez mon bon plaisir définitif à son égard.

le shériff.

— J’accomplirai votre volonté.

cassandre.

— Ô digne magistrat, je m’engage à être ton esclave — pour ce faible éclair d’espoir que m’envoie ta main. — Sur ce je vais consoler celui qui est suspendu entre la vie et la mort.

Elle sort.
promos.

— Heureux l’homme qui obtiendra l’amour d’une pareille épouse ! — Je proteste que ses modestes paroles m’ont émerveillé. — Si charmante qu’elle soit, elle n’est pas vêtue de parures éclatantes. — Sa beauté attire, mais ses regards, par leur chaste dédain, — coupent court aux prières passionnées. — Ô Dieu ! j’éprouve un changement soudain, qui enchaîne ma liberté !… — Qu’as-tu dit ? Fi, Promos, fi ! Éloigne-la de ta pensée… — Oui, je le ferai ; mes autres soucis guériront le souci que l’amour me cause. — Partons.

Ils sortent.

(Extrait de La Très-excellente et fameuse histoire de Promos et Cassandre, divisée en discours comiques, par George Whestone, gent, 1578.)

(5) Le commentateur Tyrwit voit ici une allusion à Jacques Ier lui-même. En effet, l’empressement de la foule importunait fort le fondateur de la dynastie des Stuarts, qui, comme le rapporte sir Simons d’Ewes dans ses mémoires, ne se gênait nullement « pour souhaiter la vérole ou la peste à