Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
452
MESURE POUR MESURE, TIMON D’ATHÈNES, ETC.

III. — Qui sans révérence jurera ou sacrera devra tirer sept liards de sa bourse.

IV. — Qui interrompt le barbier dans son histoire devra payer chaque fois un pot d’ale.

V. — Qui ne peut ou ne veut retirer son chapeau pendant qu’on le coiffe, payera une pinte pour ça.

VI. — Et qui ne peut ou ne veut payer, sera renvoyé à moitié coiffé.


(13) Vers quelle époque Timon d’Athènes a-t-il été écrit ? À quelle date a-t-il été représenté ? Les principaux commentateurs ont répondu différemment à ces questions. Malone a fixé la date de la représentation à l’an 1609, Drake à l’an 1602, Chalmers à l’an 1601 ; d’autres se fondant sur un document récemment découvert, l’ont reculée jusqu’au seizième siècle[1].

En l’absence de renseignements positifs, une critique prudente doit se borner, selon nous, à examiner l’œuvre en elle-même et à chercher dans cet examen la solution du problème littéraire que l’histoire n’a pu résoudre. Or, il est certain pour tout expert qui étudie le texte original, tel que nous le présente l’édition-princeps de 1623, que Timon d’Athènes est une œuvre remaniée. Le drame porte la trace de retouches évidemment postérieures de plusieurs années à la composition primitive. Dans quelques scènes domine le vers rimé, — ce vers monotone et archaïque qu’on retrouve dans les plus anciennes productions du théâtre anglais et dans les premiers ouvrages de Shakespeare ; dans d’autres (et ce sont les plus nombreuses), domine le vers blanc, — ce vers énergique et libre que Shakespeare a adopté presque exclusivement dans ses derniers drames. Coleridge a signalé le premier ces différences de style qui paraissent avoir échappé aux glossateurs du dix-huitième siècle, et a conclu de ces différences que Shakespeare n’est pas l’auteur unique de Timon d’Athènes. Suivant son hypothèse qui a été acceptée et développée par plusieurs éditeurs contemporains, il exis-

  1. M. Collier a signalé dans un recueil d’épigrammes, publié en 1598, le vers que voici :

    Like hateman Timon in his cell he sits.
    Comme le haïsseur d’hommes Timon, il est assis dans sa grotte.