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RICHARD II.

willoughby.

— Duc par le titre, mais non par le revenu.

northumberland.

— Il le serait largement des deux façons, si la justice avait ses droits.

ross.

— Mon cœur est gros ; mais il crèvera dans le silence — plutôt que de se soulager par un libre langage.

northumberland.

— Non ! dis ta pensée ; et qu’il perde à jamais la parole celui qui répétera tes paroles pour te faire tort !

willoughby.

— Ce que tu veux dire concerne-t-il le duc de Hereford ? — Si cela est, parle hardiment, mon cher : — mon oreille est prompte à écouter, quand il s’agit de son bien.

ross.

— De son bien ? Je ne puis rien pour son bien — (si vous trouvez que ce soit pour son bien), que le plaindre — d’être ainsi châtré et dépouillé de son patrimoine.

northumberland.

— Par le ciel, c’est une honte que de laisser accabler par de telles iniquités — un prince royal et tant d’autres — nobles enfants de ce pays chancelant. — Le roi n’est plus lui-même ; il se laisse bassement mener — par des flatteurs ; et, à la première accusation — que leur haine inventera contre nous, — le roi exercera des poursuites sévères — contre nous, nos existences, nos enfants, nos héritiers.

ross.

— Il a pillé les communes par des taxes exorbitantes, — et il a à jamais perdu leur affection ; il a, pour de vieilles querelles, — frappé d’amende les nobles, et il a à jamais perdu leur affection.