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RICHARD II.

bolingbroke.

— Mon gracieux oncle, faites-moi connaître ma faute : — quelle est-elle ? en quoi consiste-t-elle ?

york.

— Elle est de la plus grave nature ; — une grosse rébellion, une détestable trahison ! — Tu es un banni, et voici que tu viens, — avant que ton temps soit expiré, — braver ton souverain les armes à la main !

bolingbroke.

— C’est Hereford qui fut banni naguère ; — aujourd’hui c’est Lancastre qui revient. — Mon noble oncle, j’en conjure Votre Grâce, — examinez mes griefs d’un œil impartial. — Vous êtes mon père, car il me semble voir en vous — revivre le vieux Jean de Gand. Eh bien donc, ô mon père ! — permeitez-vous que je reste condamné — à la vie errante d’un vagabond, mes droits et mes titres souverains — arrachés de mes mains par la force et abandonnés — à de prodigues parvenus ! Pourquoi suis-je né ? — Si le roi, mon cousin, est roi d’Angleterre, — il faut reconnaître que je suis duc de Lancastre. — Vous avec un fils, Aumerle, mon noble parent : — si vous étiez mort le premier, et qu’il eût été ainsi accablé, — il aurait trouvé dans son oncle Jean de Gand un père — pour chasser ses offenseurs et les réduire aux abois ! — On me défend de réclamer ici mon investiture, — et pourtant j’y suis autorisé par mes lettres patentes. — Les biens de mon père sont séquestrés et vendus, — et tout cela pour le plus coupable usage. — Que vouliez-vous que je fisse ? Je suis un sujet, — et j’invoque la loi. On me refuse des procureurs ; — et voilà pourquoi je revendique en personne mes droits — de légitime descendant à l’héritage de mes pères.

northumberland.

— Le noble duc a été trop injustement traité.