Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
SCÈNE XI.

il répugnerait à l’âme de Bolingbroke — d’inonder de cette tempête cramoisie — le giron frais et vert de la belle terre du roi Richard, — mon hommage agenouillé le démontrera tendrement. — Allez lui déclarer cela, tandis que nous marcherons — sur le tapis gazonné de cette plaine…

Northumberland s’avance vers le château, précédé d’un trompette.

— Marchons sans faire bruire le menaçant tambour, — que des créneaux chancelants de ce château — nos loyales propositions soient pleinement entendues. — Ma rencontre avec le roi Richard ne doit pas, il me semble, — être moins formidable que la rencontre des deux éléments contraires, — le feu et l’eau, alors que leur choc foudroyant — déchire la joue nébuleuse des cieux. — Qu’il soit le feu, je serai l’eau flexible, — Qu’il soit tout à la rage, tandis que sur la terre je ferai pleuvoir — mes eaux ; sur la terre et non sur lui ! — Avançons et observons la contenance du roi Richard.

Le héraut de Northumberland sonne une chamade ; un autre trompette y répond du château. Fanfare.


Richard paraît sur les remparts, avec l’évêque de Carlisle, Aumerle, Scroop et Salisbury.
york.

— Voyez, voyez, le roi Richard lui-même apparaît : — tel que le soleil rougissant de colère, — alors que, du portail enflammé de l’orient, — il aperçoit les nuages envieux conjurés — pour ternir sa gloire et pour obscurcir la trace — radieuse de sa course vers l’occident. — Il a toujours l’air d’un roi ; regardez, son œil, — brillant comme celui de l’aigle, rayonne — d’une majesté souveraine ! Hélas ! hélas ! quel malheur — qu’aucune offense assombrisse tant de splendeur !