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RICHARD II.

richard.

— Beau cousin, vous dégradez votre genou princier — en accordant à la terre vile l’honneur de le baiser. — Je préférerais une preuve d’affection, sensible pour mon cœur, — à ces démonstrations de déférence qui blessent mon regard. — Relevez-vous, cousin, relevez-vous ; si bas que soit votre genou, — votre cœur, je le sais, s’élève au moins à cette hauteur.

Il porte la main à sa tête.
bolingbroke.

— Mon gracieux seigneur, je ne viens que réclamer ce qui m’appartient.

richard.

— Ce qui est à vous, vous appartient, et je suis à vous ; et tout est à vous.

bolingbroke.

— Soyez à moi, mon très-redouté seigneur, — autant que mes fidèles services mériteront votre affection.

richard.

— Vous avez bien mérité… Ils méritent bien de posséder, — ceux qui savent le plus puissant et le plus sûr moyen d’obtenir… — Mon oncle, donnez-moi votre main ; — voyons, séchez vos yeux : — les larmes prouvent l’affection, mais ne fournissent pas le remède… — Cousin, je suis trop jeune pour être votre père, — quoique vous soyez assez vieux pour être mon héritier… — Ce que vous voulez, je le donnerai, et volontiers ; — car il faut bien faire ce que la force nous contraint de faire. — Marchons vers Londres… voulez-vous, cousin ?

bolingbroke.

— Oui, mon bon seigneur.

richard.

— Alors, je ne dois pas dire non.

Fanfares. Ils sortent.