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SCÈNE XV.

nue et courbée plus bas que le cou de son fier palefroi, — leur disait : Je vous remercie, compatriotes ! — Et il avançait ainsi, recommençant toujours.

la duchesse.

— Hélas ! et le pauvre Richard ! quelle figure faisait-il à cheval ?

york.

— Comme les spectateurs au théâtre, — dès qu’un acteur favori a quitté la scène, — jettent un regard insouciant sur celui qui entre ensuite, — trouvant son bavardage fastidieux ; — ainsi, et plus dédaigneusement encore, les regards de la foule — tombaient sur Richard. Nul ne criait : Dieu le garde ! — Nulle bouche joyeuse ne saluait son retour ; — mais on jetait de la poussière sur sa tête sacrée : — et lui, le visage contracté par les pleurs et les sourires, — marques de sa douleur et de sa patience, — rejetait cette poussière avec une tristesse tellement douce — que, si Dieu n’avait, pour quelque grand dessein, acéré — le cœur des hommes, tous se seraient attendris, — et que la barbarie même l’aurait pris en pitié (20). — Mais le ciel a la main dans ces événements ; — et nous devons nous résigner avec calme à sa volonté suprême. — Nous sommes maintenant les sujets jurés de Bolingbroke — dont je reconnais à jamais la puissance et la grandeur.


Entre Aumerle.
la duchesse.

— Voici venir mon fils Aumerle.

york.

Il était Aumerle naguère ; — mais il a perdu ce titre, pour avoir été partisan de Richard, — et maintenant, madame, vous devez l’appeler Rutland (21). — Je me suis, devant le parlement, porté caution de son dévouement — et de sa féauté inaltérable envers le nouveau roi.