Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
RICHARD II.

aumerle, au roi.

— Souviens-toi, en lisant, de ta promesse. — Je me repens : ne lis pas mon nom là ; — mon cœur n’est point complice de ma main.

york.

— Il l’était, scélérat, avant que ta main eût signé. — Roi, j’ai arraché cela de la poitrine du traître ; — c’est la crainte et non l’amour qui cause son repentir. — Oublie toute pitié pour lui, de peur que ta pitié ne devienne — un serpent qui te perce le cœur.

bolingbroke.

— Ô hideux, énorme et audacieux complot ! — Ô loyal père d’un fils félon ! — Source argentine, limpide et immaculée, — d’où ce ruisseau n’est sorti — que pour se souiller dans de fangeux méandres ! — Le bien débordé de toi est devenu le mal ; — aussi, c’est ton excessive bonté qui excusera — cette mortelle noirceur de ton coupable fils.

york.

— Ainsi, ma vertu sera l’entremetteuse de son vice ! — Il dépensera mon honneur à son infamie, — comme un enfant prodigue, l’or d’un père avare ! — Ah ! mon honneur doit vivre par la mort de son déshonneur, — ou son déshonneur fera la honte de ma vie ! — Tu me tues en l’épargnant : en lui laissant le souffle, — tu fais vivre le traître et mourir l’honnête homme.

la duchesse d’york, de l’extérieur.

— Holà, mon prince ! au nom du ciel, que j’entre !

bolingbroke.

— Quelle est l’inquiète suppliante qui pousse ce cri strident ?

la duchesse.

— Une femme, ta tante ! grand roi, c’est moi ! — Écoute-