Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/201

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SCÈNE I.
[Londres. Le palais du roi.]
Entrent le roi Henry, Westmoreland, sir Walter Blunt et d’autres courtisans.
le roi.

— Tout frémissants, tout pâles encore d’inquiétude, — laissons la paix effarée respirer un moment, — et reprendre rapidement haleine pour les nouvelles luttes — qui vont commencer sur de lointains rivages. — Désormais cette terre altérée — ne teindra plus ses lèvres crevassées du sang de ses enfants ; la guerre ne sillonnera plus nos plaines de tranchées, — n’écrasera plus nos fleurs sous les sabots ferrés — des charges ennemies. Ces fronts hostiles, — qui, comme les météores d’un ciel troublé, — tous de même nature, tous formés de la même substance, — se heurtaient naguère dans la mêlée intestine — et dans le choc furieux d’une tuerie fratricide, — désormais harmonieusement unis dans les mêmes rangs, — marcheront tous dans le même sens, et cesseront d’opposer — les amis aux amis, les parents aux parents, les alliés aux alliés. — La lame de la guerre ne blessera plus son maître, — comme un couteau mal rengainé. Maintenant donc, amis, — c’est sur le tombeau lointain du Christ, — que, soldat enrôlé au service de la croix divine, — nous voulons conduire les guerriers anglais ; — leurs bras ayant été moulés dans la matrice de leurs mères — pour chasser les païens des plaines saintes —