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HENRI IV.

SCÈNE V.
[Une route aux environs de Gadshill.]
Il fait nuit. Entrent le prince Henry et Poins.
poins.

Allons, à l’affût ! à l’affût ! J’ai éloigné le cheval de Falstaff, et il est crispé de rage comme du velours gommé.

le prince henry.

Range-toi.


Entre Falstaff.
falstaff.

Poins ! Poins ! le pendard ! Poins !

le prince henry.

Silence, mauvais foie gras ! quel tapage tu fais là !

falstaff.

Où est Poins, Hal ?

le prince henry.

Il est monté au haut de la colline ; je vais le chercher.

Il fait semblant de s’en aller.
falstaff.

Je suis maudit pour toujours voler en compagnie de ce filou-là. Le drôle a emmené mon cheval, et l’a attaché je ne sais où. Pour peu que je marche quatre pieds carrés plus loin, j’aurai la respiration coupée… Dame, après tout, je ne doute pas de mourir de ma belle mort, si j’échappe à la hart pour avoir tué ce coquin-là. Voilà vingt-deux ans que je jure à toute heure, à tout moment, de renoncer à la compagnie du coquin, et pourtant j’en suis ensorcelé. Si le drôle ne m’a pas donné des drogues pour me forcer à l’aimer, je veux être pendu ; c’est inex-