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HENRI IV.

votre grand mérite et à votre bonne renommée, — voyant que vous n’êtes pas des nôtres — et que vous vous tournez contre nous en ennemi.

blunt.

— À Dieu ne plaise qu’il n’en soit pas ainsi, — tant que, sortis des limites du véritable devoir, — vous vous tournerez contre la majesté sacrée ! — Mais voici mon message. Le roi m’envoie savoir — la nature de vos griefs ; et pourquoi, — évoquant du sein de la paix publique — ces hostilités téméraires, vous donnez à son loyal peuple l’exemple — d’une si cruelle audace. Si le roi — a méconnu aucunement vos services — qu’il reconnaît être considérables, — il vous presse d’énoncer vos griefs ; et sur-le-champ — vous obtiendrez pour toutes vos demandes une ample satisfaction, — ainsi qu’un pardon absolu pour vous-mêmes, et pour ceux — qui ont été égarés par vos suggestions.

hotspur.

— Le roi est bien bon ; le roi, nous le savons bien, — sait quand il faut promettre et quand il faut s’acquitter. — Mon père, mon oncle et moi, — nous lui avons donné la royauté même qu’il porte ; — quand il était à peine âgé de vingt-six ans, — compromis dans l’estime du monde, misérable, déchu, — pauvre proscrit inaperçu, se faufilant dans son pays, — mon père l’accueillit sur le rivage ; — alors, l’entendant jurer et prendre Dieu à témoin — qu’il ne venait que pour être duc de Lancastre, — pour réclamer son héritage et implorer la paix, — mon père fut attendri jusqu’au fond du cœur — par ses larmes d’innocence et ses protestations de dévouement ; — il jura de l’assister et lui tint parole. — Dès que les lords et les barons du royaume — s’aperçurent que Northumberland inclinait en sa faveur, — grands et petits vinrent le saluer du chapeau et du genou, — allèrent à sa ren-