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SCÈNE XVI.

lancé — un défi superbe à la gorge du roi Henry ; — Westmoreland, qui était notre otage, le lui a porté ; — ce qui ne peut manquer d’accélérer son attaque.

worcester.

— Le prince de Galles s’est avancé devant le roi, — et vous a défié à un combat singulier, mon neveu.

hotspur.

— Oh ! comme je voudrais que la querelle fût toute sur nos têtes, — et que les seuls exposés à perdre le souffle aujourd’hui — fussent Harry de Monmouth et moi ! Dites-moi, dites-moi, — comment était conçu son cartel ? Était-il méprisant ?

vernon.

— Non, sur mon âme. Je n’ai jamais de ma vie — entendu provocation plus modestement lancée ; — vous eussiez dit un frère défiant un frère — à un courtois exercice, à une passe d’armes. — Il vous a rendu tous les hommages ; — il a paré vos louanges d’une éloquence princière ; — il a parlé de vos mérites comme une chronique ; — vous mettant au-dessus de tout éloge, — et dépréciant tous les éloges comme indignes de votre valeur. — Puis, avec une noblesse qui seyait à un vrai prince, — il a fait la rougissante critique de lui-même, — et a grondé sa vagabonde jeunesse avec une telle grâce — qu’il semblait posséder un double esprit, — à la fois maître et disciple. — Là il s’est arrêté. Mais je puis le déclarer devant tous, — s’il survit aux haines de cette journée, — jamais l’Angleterre n’aura eu une espérance si belle, — et si méconnue dans ses écarts.

hotspur.

— Je crois vraiment, cousin, que tu es énamouré — de ses extravagances. Je n’ai jamais ouï parier — d’un prince si follement libertin. — Mais, qu’il soit ce qu’il voudra ; je veux avant ce soir, — l’étreindre dans mes bras de