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HENRY IV.

— Tu veux frapper mon oreille avide du récit de leurs exploits ; — mais, à la fin, la frappant pour toujours, — tu éteindras ces louanges avec ce soupir — suprême : « frère, fils, et tous sont morts ! »

morton.

— Douglas est vivant, et votre frère aussi ; — mais, pour milord votre fils…

northumberland.

Ah ! il est mort !… — Vois comme le soupçon a la parole prompte. — Celui qui redoute une chose et craint de l’apprendre — voit instinctivement dans les yeux d’autrui — que ce qu’il redoutait est arrivé. Cependant parle, Morton ; — dis au comte que sa divination en a menti ; — et ce sera pour moi une insulte douce, — et je t’enrichirai pour m’avoir fait cet affront.

morton.

— Vous êtes trop grand pour que je vous contredise. — Votre instinct n’est que trop vrai, vos craintes ne sont que trop certaines.

northumberland.

— Mais tout cela ne dit pas que Percy soit mort. — Je lis une étrange confession dans ton regard. — Tu hoches la tête, et tu tiens pour dangereux ou coupable — de déclarer la vérité. S’il est tué, dis-le ; — ce n’est pas une offense que d’annoncer sa mort : — il est coupable de calomnier un mort, — mais non de dire qu’un mort ne vit plus. — Pourtant le premier porteur d’une affligeante nouvelle — n’a qu’un office ingrat ; et sa voix — a toujours le son d’une cloche funèbre, — sonnant à notre souvenir le glas d’un ami disparu.

lord bardolphe.

— Je ne puis croire, milord, que votre fils soit mort.

morton.

— Je regrette qu’il me faille vous forcer à croire — ce