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HENRY IV.

— c’est ce qu’aucun renseignement certain ne m’a appris.

l’archevèque.

En avant ! — Et publions les motifs de notre prise d’armes. — Le peuple est malade de son propre choix : — sa trop avide affection s’est écœurée. — Il a une demeure vertigineuse et mobile, — celui qui bâtit sur le cœur de la multitude. — Ô peuple stupide, quelles bruyantes acclamations — tu jetais au ciel en bénissant Bolingbroke, — alors qu’il n’était pas encore ce que tu voulais qu’il fût ! — Et maintenant que tu es servi à souhait, — monstrueux mangeur, tu es tellement rassassié de lui — que tu t’efforces de le rendre. — Ainsi, ainsi, chien immonde, tu as recraché — de ton estomac glouton le royal Richard ; — et maintenant tu as faim du mort que tu as vomi, — et tu l’appelles de tes hurlements. À qui se fier de notre temps ? — Ceux qui, du vivant de Richard, voulaient sa mort, — sont maintenant énamourés de son tombeau. — Toi, qui jetais de la poussière sur sa tête auguste, — alors qu’à travers Londres en fête il avançait en soupirant — sur les pas admirés de Bolingbroke, — tu t’écries maintenant : Ô terre ! rends-nous ce roi-là — et reprends celui-ci ! Ô imagination des hommes maudits ! Le passé et l’avenir semblent toujours préférables ; le présent, toujours pire (58).

mowbray.

— Irons-nous réunir nos troupes pour entrer en campagne ?

hastings.

— Nous sommes les sujets du moment, et le moment nous presse de partir.

Ils sortent.