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SCÈNE IV.

nait m’enprunter un filet de vinaigre, nous disant qu’elle avait un bon plat de crevettes ; sur quoi tu as demandé à en manger ; sur quoi je t’ai dit que c’était mauvais pour une blessure fraîche. Et, quand elle est descendue, est-ce que tu ne m’as pas dit de ne plus être si familière avec ces petites gens-là, ajoutant qu’avant peu on m’appellerait madame ? Et puis, est-ce que tu ne m’as pas embrassée, en me disant de t’aller chercher trente shillings ? Maintenant je te somme de jurer sur le saint livre : nie ça, si tu peux.

falstaff.

Milord, c’est une pauvre folle ; elle dit par toute la ville que son fils aîné vous ressemble ; elle a été dans une bonne situation, et le fait est que la pauvreté lui a troublé les idées. Mais quant à ces niais d’exempts, permettez, je vous prie, que j’exerce un recours contre eux.

le grand juge.

Sir John, sir John, je connais fort bien votre manière de fausser et de torturer la vérité ! Ce n’est ni votre air assuré, ni le tas de paroles que vous laissez échapper avec une effronterie plus qu’impudente, qui peut me faire dévier de la stricte impartialité ; vous avez, il me semble, abusé de la complaisante crédulité de cette femme pour faire servir à vos besoins sa bourse et sa personne.

l’hôtesse.

Oui, vraiment, milord.

le grand juge.

Paix, je te prie !… Payez-lui ce que vous lui devez, et réparez le tort que vous lui avez causé : vous pouvez faire l’un avec de la monnaie sterling, et l’autre avec la pénitence courante.

falstaff.

Milord, je ne subirai pas cette réprimande sans répliquer. Vous qualifiez d’impudente effronterie une hono-