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SCÈNE VI.

SCÈNE VI.
[Wackworth. Devant le château.]
Entrent Northumberland, Lady Northumberland et Lady Percy.
northumberland.

— Je t’en prie, femme aimée, et toi, ma gente fille, — laissez le libre champ à mes âpres desseins ; — ne prenez pas le visage des circonstances, — et ne soyez pas, comme elles, importunes à Percy.

lady northumberland.

— J’ai renoncé, je ne veux plus rien dire. — Faites ce que vous voudrez ; que votre sagesse soit votre guide.

northumberland.

— Hélas, ma chère femme, mon honneur est engagé ; — et rien ne peut le racheter que mon départ.

lady percy.

— Oh ! pourtant, au nom du ciel, n’allez pas à cette guerre ! — Il fut un temps, père, où vous manquâtes à votre parole, — quoique vous fussiez lié par elle bien plus chèrement qu’aujourd’hui. — Alors votre Percy, le Henry cher à mon cœur, — jeta bien des regards vers le nord, pour voir si son père — lui amenait des troupes ; mais c’est en vain qu’il soupira. — Qui donc alors vous décida à rester chez vous ? — Ce fut la ruine de deux gloires : la vôtre, et celle de votre fils. — La vôtre, puisse le ciel la raviver dans toute sa splendeur ! — Quant à la sienne, elle était attachée à lui comme le soleil — à la voûte grise des cieux ; et à sa lumière, — toute la chevalerie d’Angleterre marchait — sur la voie des hauts faits (62). Il était vraiment le miroir — auquel s’ajustait la noble jeunesse. — Tous les pas se mettaient à son allure ; — et le brusque langage, dont la nature avait fait son défaut,