juge du banc du roi qui, selon la tradition, aurait été souffleté par le prince de Galles sur le siége même du tribunal. « Un jour, dit Holinshed, le prince frappa, le grand juge au visage avec son poing, parce que celui-ci avait emprisonné un de ses compagnons ; et pour ce fait, non-seulement il fut envoyé immédiatement en prison par ledit grand juge, mais il fut renvoyé par son père du conseil privé et banni de la cour. » Cet incident légendaire forme le principal coup de théâtre de la vieille pièce anonyme intitulée : Les fameuses victoires de Henry V. Voici la scène à laquelle il donne lieu :
Avancez, mes enfants. (Au voleur.) Tudieu ! coquin, que faites-vous ici ? Il faut que j’aille à la besogne moi-même, tandis que vous êtes ici à flâner.
Mais, milord, ils m’ont garrotté et ne veulent pas me lâcher.
Ils t’ont garrotté, coquin ! (Au grand juge.) Eh bien, comment va, milord ?
Je suis aise de voir Votre Grâce en bonne santé.
Eh bien, milord, cet homme est à moi. Je m’étonne que vous ne l’ayez pas connu longtemps auparavant. Je puis vous assurer que cet homme-là sait se servir de ses mains.
Jarnidieu, oui. Me mette à l’épreuve qui l’ose.
Votre Grâce se fera peu d’honneur en reconnaissant cet homme comme étant à elle.
Bah ! milord, qu’a-t-il donc fait ?
Sous le bon plaisir de Votre Majesté, il a volé un pauvre voiturier.
Sur ma parole, milord, il ne l’a fait que pour rire.
Vraiment, seigneur, est-ce l’état de votre homme de voler les gens pour rire ? Sur ma parole, il sera pendu tout de bon.