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APPENDICE.

son cousin et lui dit que les paroles qui avaient été entre lui et le comte maréchal lui déplaisaient grandement, et ce que fait et dit avait, c’était pour le meilleur et pour apaiser le peuple qui moult avait murmuré sur cette matière.

— Et, pour ce, considérez raison (dit-il au comte d’Erby) et afin que vous ayez allégeance de votre peine, je vous relâche la taxation faite de dix ans à six ans.

Le comte répondit : — Monseigneur, je vous remercie. Encore me ferez-vous bien plus grande grâce, quand il vous plaira.

Tous les seigneurs qui là étaient se contentèrent assez du roi, pour cette fois (car il les recueillit assez doucement) et se départirent du roi… Quand le couite d’Erby monta à cheval, et se départit de Londres, plus de quarante mille hommes étaient sur les rues, qui criaient et pleuraient après lui, si piteusement que c’était grande pitié de les voir, et disaient :

— Haa, gentil comte d’Erby, nous laisserez-vous donc ? Jamais ce pays n’aura bien ni joie, jusqu’à ce qu’y soyez retourné, mais les jours du retour sont trop longs. Par envie, cautelle et trahison, on vous met hors de ce royaume, où devriez mieux demeurer que nuls autres, car vous êtes de si noble extraction et gentil sang que dessus vous nuls autres ne s’accomparent. Et pourquoi nous laissez-vous, gentil comte d’Erby ? Vous ne fîtes ni pensâtes oncques mal, ni le faire ou le penser vous ne sauriez.

Ainsi parlaient hommes et femmes si piteusement que c’était douleur à voir. Le comte d’Erby ne fut pas convoyé ni accompagné à trompettes ni instruments de la ville, mais en pleurs et en lamentations. Le maire de Londres et grand nombre des plus notables bourgois de Londres tirent compagnie au département du comte