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SCÈNE I.

richard.

— Quelle hauteur atteint l’essor de sa résolution ! — Thomas de Norfolk, que dis-tu à cela ?

norfolk.

— Oh ! daigne mon souverain détourner la face — et commander à son oreille d’être sourde un moment, — que je dise à ce vivant opprobre du sang royal — quelle horreur fait à Dieu et aux gens de bien un si hideux menteur !

richard.

— Mowbray, l’impartialité est dans nos yeux comme dans nos oreilles : — fût-il mon frère, fût-il même l’héritier de mon royaume — (et il n’est que le fils de mon frère), — je jure, par la majesté de mon sceptre, — qu’une parenté si proche de notre sang sacré — ne lui donnerait aucun privilége et ne rendrait point partiale — l’inflexible fermeté de mon âme droite. — Il est notre sujet, Mowbray, comme tu l’es toi-même : — je t’autorise à parler librement et sans crainte.

norfolk.

— Eh bien, Bolingbroke, jusqu’au fond de ton cœur, — par ta gorge de traître, tu mens ! — Les trois quarts de ce que j’ai reçu pour Calais, — je les ai dûment distribués aux soldats de Son Altesse ; — le dernier quart, j’ai été autorisé à le garder, — mon souverain me redevant — cette somme sur un compte considérable, — depuis le dernier voyage que je fis en France pour chercher la reine. — Avale donc ce démenti… Quant à la mort de Glocester… — je ne l’ai point assassiné ; mais, à ma disgrâce, — j’ai oublié en cette occasion mon serment, mon devoir. — Quant à vous, mon noble lord de Lancastre, — vous, l’honorable père de mon ennemi, — j’ai un jour dressé une embûche contre votre vie, — et c’est un tort qui pèse à mon âme affligée ; — mais, dernièrement, avant de recevoir le sacrement, — je l’ai confessé ; et j’ai scrupuleuse-