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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/103

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SONNETS.


*

LXXXIV

Quel charme et quelle grâce tu donnes à la faute, qui, comme le ver dans la rose odorante, fait tache à la beauté de ton nom florissant ! Oh ! de quels parfums tu embaumes tes péchés !

La langue qui raconte l’histoire de tes jours, en faisant sur tes fantaisies de lascifs commentaires, ne peut te déprécier que par une sorte de louange ; car ton nom qu’elle nomme sanctifie la médisance.

Oh ! quelle résidence splendide ont les défauts qui t’ont choisi pour demeure ! Là, un voile de beauté couvre toutes les taches, et tout ce que l’œil peut voir prend de la séduction.

Ménage, cher cœur, ce large privilége : la lame la mieux trempée, mal employée, s’émousse.

LXXXV

Pour les uns, ton défaut est la jeunesse ; pour d’autres, la coquetterie ; pour d’autres, ta grâce est dans ta jeunesse et tes doux caprices ; mais grâces et défauts, quels qu’ils soient, sont plus ou moins aimés : tu fais de tes défauts des grâces dont tu te pares.

Au doigt d’une reine qui trône, le plus vil bijou est toujours estimé : de même, les erreurs que l’on découvre en toi se transforment en vérités et passent pour louables.