Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
VÉNUS ET ADONIS.

son front irrité, et contemple la terre morne d’un air soucieux, sans aucun égard pour celle qui l’approche, car il ne voit que d’un mauvais œil.

LVIII

Oh ! quel spectacle ! Voyez comme elle accourt furtivement vers le maussade enfant ! Remarquez comme, dans le conflit des nuances de son teint, le blanc et le rouge s’entre-dévorent ! Sa figure était toute pâle, il y a un moment, et maintenant elle flamboie comme un éclair du ciel.

LIX

Enfin la voilà devant Adonis qui est resté assis ; elle s’agenouille comme une humble amoureuse ; d’une de ses belles mains elle lui enlève son chapeau, de l’autre elle caresse ses belles joues. Ces tendres joues subissent l’impression de cette douce main, aussi aisément que la neige nouvellement tombée reçoit une empreinte.

LX

Oh ! alors quelle guerre de regards entre eux ! Les yeux suppliants de Vénus implorent les yeux d`Adonis : lui, la considère comme s’il ne la voyait pas ; à des regards toujours caressants il ne répond que par des regards dédaigneux ; et tous les actes de cette muette pantomime sont expliqués par un chœur de larmes, tombées de ses yeux divins.

LXI

Tout doucement elle le prend maintenant par la main : ou dirait un lis emprisonné dans un cachot de neige, ou