Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
VÉNUS ET ADONIS.

les zigzags ; les nombreuses brèches par lesquelles il s’esquive forment comme un labyrinthe pour étourdir ses ennemis.

CXV

» Parfois il court au milieu d’un troupeau de brebis pour mettre en défaut le flair des habiles limiers ; parfois il se jette dans le terrier des lapins, pour arrêter au milieu de leurs aboiements ses bruyants persécuteurs ; et parfois il se joint à un troupeau de daims. Le danger lui suggère des expédients ; la crainte le rend ingénieux.

CXVI

» Car alors, son odeur étant mêlée à d’autres, les ardents limiers qui hument la piste sont déconcertés, ils cessent leurs clameurs jusqu’à ce qu’ils aient découvert à grand’peine leur piteuse erreur. Alors ils éclatent en aboiements ; Echo réplique, comme s’il y avait dans les airs une autre chasse.

CXVII

» Cependant le pauvre lièvre, sur une colline au loin, se pose sur ses pattes de derrière, dressant l’oreille pour écouter si ses ennemis le poursuivent encore ; tout à coup il entend leurs cris bruyants, et désormais sa douleur peut bien se comparer à celle d’un agonisant qui entend le glas funèbre.

CXVIII

» Alors tu verras le misérable, inondé de rosée, aller et venir en serpentant sur la route ; chaque broussaille en-