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VÉNUS ET ADONIS.

charme du chant voluptueux de la sirène, leurs accents tentateurs frapperaient en vain mon oreille ; car sachez que mon cœur veille tout armé sur elle et n’y laisserait pas pénétrer une note fausse,

CXXXI

» De peur que l’harmonie décevante n’envahît mon paisible for intérieur ; et alors c’en serait fait de mon petit cœur, privé de repos dans son sanctuaire. Non, madame, non ; mon cœur n’aspire pas à gémir, il dort du meilleur sommeil tant qu’il dort seul.

CXXXII

« Qu’avez-vous affirmé que je ne puisse réfuter ? Le sentier est doux qui conduit au péril. Je ne hais pas l’amour, mais les artifices de votre amour qui accorde des baisers à tous les étrangers. Vous le faites pour procréer ! O étrange excuse, quand la raison sert d’entremetteuse aux excès de la luxure !

CXXXIII

» N’appelez pas cela l’amour, car l’amour s’est enfui au ciel, depuis que la luxure en sueur a usurpé son nom sur la terre et assumé son apparence candide pour s’assouvir sur la fraîche beauté et la couvrir d’infamie ; car la tyrannique ardeur souille et dévaste, comme la chenille fait des tendres feuilles.

CXXXIV

» L’amour réjouit comme le rayon de soleil après la pluie, mais la luxure a le même effet que la tempête après