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LE VIOL DE LUCRÈCE.

CCIV

C’est en effet une œuvre de haute imagination, conçue avec tant d’art, tant d’ensemble, tant de naturel ! Une lance, brandie par une main armée, représente Achille ; lui-même est resté en arrière, invisible, excepté pour l’œil de l’esprit. Une main, un pied, un visage, une jambe, une tête suffit pour figurer tout un personnage.

CCV

Au haut des remparts de Troie assiégée, tandis que le brave Hector, son héroïque espoir, marche au combat, se tiennent nombre de mères troyennes, toutes également joyeuses de voir leurs jeunes fils manier des armes étincelantes ; elles donnent à leur espérance une expression étrange : à travers leur allégresse, comme une ombre sur un fond lumineux, se manifeste une sorte de frayeur douloureuse.

CCVI

De la côte des Dardanelles, où commence le combat, qu’aux roseaux des bords du Simoïs, coule le sang rouge, dont les flots semblent par leurs ondulations se modeler sur la bataille ; ses masses houleuses commencent par se briser sur la plage crevassée, et puis se retirent, pour se joindre à des vagues plus hautes, les rallier, et dégorger leur écume sur les bords du Simoïs.

CCVII

C’est devant ce chef-d’œuvre de la peinture que Lucrèce est venue, pour y trouver une figure où soient