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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/92

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SONNETS.

Ne crois pas, quoique ma nature soit sujette aux faiblesses qui assiégent toutes les créatures de chair, qu’elle fasse jamais la faute extravagante de quitter pour néant tous tes trésors.

Car je tiens pour néant ce vaste univers, hormis toi, ma rose ; en lui, tu es tout pour moi.

LXVII

Hélas ! c’est vrai, je suis allé de côté et d’autre, et je me suis travesti comme un paillasse ; j’ai blessé mes propres sentiments, fait bon marché de ce qu’il y a de plus cher, commis de vieux péchés avec de nouvelles affections.

Cela n’est que trop vrai : j’ai jeté à la bonne foi un regard oblique et étranger ; mais, après tout, ces écarts ont donné à mon cœur une jeunesse nouvelle, et les essais du pire ont prouvé ta supériorité.

C’est fini maintenant. À toi désormais mon dévouement sans terme. Jamais je ne forcerai plus mon cœur à une expérience nouvelle pour éprouver cette vieille amitié. Tu es le dieu d’amour à qui je me consacre.

Donne-moi donc la bienvenue au seuil de mon ciel idéal, à la place la plus pure et la plus aimante de ton cœur.

LXVIII

Oh ! grondez à mon sujet la Fortune, cette déesse coupable de tous mes torts, qui ne m’a laissé d’autre moyen