— Assez, coquin !
— Dites-nous, avez-vous encore quelque ressource ?
— Aucune autre que ma fortune.
— Sachez donc que quelques-uns de nous sont des gentilshommes — que la furie d’une jeunesse indisciplinée — a chassés de la société légale. — Moi-même j’ai été banni de Vérone — pour avoir tenté d’enlever une dame, — une héritière, alliée de près au duc.
— Et moi, de Mantoue, pour un gentilhomme — que, dans une boutade, j’ai poignardé au cœur.
— Et moi, pour quelque menu crime comme ceux-là. — Mais venons au fait… Nous vous avons dit nos fautes — pour excuser à vos yeux notre existence irrégulière. — Sur ce, considérant que vous êtes orné — d’une belle prestance, que d’après votre propre dire, — vous êtes linguiste, que vous êtes l’homme par excellence — dont nous avons besoin dans notre profession…
— Qu’enfin et surtout, vous êtes un banni, — nous traitons avec vous : — consentez-vous à être notre général, — et, faisant de nécessité vertu, — à vivre, comme nous, dans cette solitude ?
— Que dis tu ? Veux-tu être de notre clique ? — Dis oui, et tu seras notre capitaine à tous ; — nous te ferons hommage et, gouvernés par toi, — nous t’aimerons comme notre chef et notre roi.