— En vertu de mon pouvoir, je puis congédier la cour, — à moins que Bellario, savant docteur — que j’ai envoyé chercher pour déterminer ce cas, — n’arrive aujourd’hui.
Mon seigneur, il y a là dehors — un messager nouvellement arrivé de Padoue — avec une lettre du docteur.
— Qu’on nous apporte cette lettre ; qu’on appelle le messager.
— Rassure-toi, Antonio ! allons, mon cher ! courage encore ! — Le juif aura ma chair, mon sang, mes os, tout, — avant que tu perdes pour moi une seule goutte de sang.
— Je suis la brebis galeuse du troupeau, — celle qui est bonne à tuer. Le plus faible fruit — tombe à terre le premier ; laissez-moi tomber. — Ce que vous avez de mieux à faire, Bassanio, — c’est de vivre pour faire mon épitaphe.
— Vous venez de Padoue, de la part de Bellario ?
— Oui, mon seigneur, Bellario salue Votre Grâce.
— Pourquoi repasses-tu ton couteau si activement ?
— Pour couper ce qui me revient de ce banqueroutier.
— Ce n’est pas sur ce cuir, c’est sur ton cœur, âpre juif, — que tu affiles ton couteau ! Mais aucun métal, —