— Douce Phébé, ayez pitié de moi.
Eh bien, je compatis à ton état, gentil Silvius.
— Partout où est la compassion, le soulagement devrait accourir ; — si vous compatissez à mon chagrin d’amour, — donnez-moi votre amour, et votre compassion et mon chagrin — seront exterminés d’un coup.
— Tu as mon affection : n’est-ce pas charitable ?
— Je voudrais vous avoir.
Oh ! ce serait de la convoitise. — Silvius, il fut un temps où je te haïssais… — Ce n’est pas que je t’aime encore ; — mais puisque tu parles si bien le langage de l’amour, — quelque importune que ta société m’ait été jusqu’ici, — je consens à la supporter, et même je me servirai de toi ; — mais n’attends pas d’autre récompense — que le bonheur de me servir.
— Si religieux et si parfait est mon amour, — et telle est ma disette de faveurs — que je regarderai comme la plus riche récolte — quelques épis glanés à la suite de l’homme — qui doit recueillir la moisson. Laisse tomber de temps à autre — un sourire, et cela me suffira pour vivre.
— Connais-tu le jouvenceau qui me parlait tout à l’heure ?
— Pas très-bien, mais je l’ai rencontré souvent. — C’est lui qui a acheté la cabane et les courtils — que possédait le vieux Carlot.