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CORIOLAN.

Où est l’ennemi ? Êtes-vous maîtres de la plaine ? — Si non, pourquoi vous reposez-vous avant de l’être ?

cominius.

Marcius, — nous avons le désavantage du combat, — et nous faisons retraite, pour assurer notre succès.

marcius.

— Quel est leur ordre de bataille ? Savez-vous — en quel endroit ils ont placé leurs meilleurs soldats ?

cominius.

Autant que j’en puis juger, Marcius, — les bandes qui sont au front de leur bataille sont les Antiates, — leur élite, commandés par Aufidius, — le cœur même de leur espérance.

marcius.

Je vous adjure, — par tous les combats où nous avons guerroyé, — par le sang que nous avons versé ensemble, par nos vœux — d’éternelle amitié, mettez-moi droit — à l’encontre d’Aufidius et de ses Antiates ; — ne laissez pas échapper le moment ; mais, — remplissant l’air d’épées et de lances en arrêt, — mettons l’heure présente à l’épreuve.

cominius.

Je pourrais souhaiter — que vous fussiez conduit à un bain salutaire — et que des baumes vous fussent appliqués ; mais je n’ose jamais — repousser vos demandes. Choisissez donc ceux — qui peuvent le mieux aider à votre entreprise.

marcius.

Ce sont tous ceux — qui ont la meilleure volonté. Si parmi ces hommes il en est un — (et ce serait un péché d’en douter), qui aime la couleur — dont vous me voyez fardé, qui craigne — moins pour sa personne que pour sa renommée, — qui pense qu’une mort vaillante vaut mieux qu’une mauvaise vie — et préfère sa patrie à lui-même, — que ce brave unique ou tous les braves comme lui —