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CORIOLAN.

— comme vous, ce que j’ai pu, animé, — comme vous, par l’amour de ma patrie. — Quiconque a prouvé sa bonne volonté — a accompli autant que moi.

cominius.

Vous ne serez pas — le tombeau de votre mérite. Il faut que Rome sache — la valeur des siens. Ce serait une réticence — pire qu’un larcin, et comme une calomnie, — de cacher vos actions et de faire des exploits — que la louange doit porter aux nues, — pour n’être que modeste. Permettez-moi donc, je vous conjure, — pour rendre hommage à ce que vous êtes, et non pour récompenser — ce que vous avez fait, de haranguer l’armée devant vous.

marcius.

— J’ai quelques blessures sur le corps, et elles me cuisent — quand je les entends rappeler.

cominius.

Si elles étaient oubliées, — elles pourraient s’envenimer par l’ingratitude — et se gangrener mortellement. De tous les chevaux — que nous avons pris (et il y en a quantité d’excellents), de tout — le butin que nous avons conquis sur le champ de bataille et dans la cité, — nous vous offrons le dixième : prélevez-le donc, — avant la distribution générale, à votre volonté.

marcius.

Je vous remercie, général ; — mais je ne puis décider mon cœur à accepter — pour mon épée un loyer mercenaire ; je le refuse, — et je ne veux que la part revenant à tous ceux — qui ont assisté à l’affaire.

Longues fanfares. Tous crient : Marcius ! Marcius ! en agitant leurs casques et leurs lances. Cominius et Lartius restent tête découverte.
marcius, reprenant.

— Puissent ces instruments, que vous profanez ainsi, — perdre à jamais leur son ! Si les tambours et les trompettes — se changent en flatteurs sur le champ de bataille,